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Henri Goursau, 67 ans, vient de publier ses 55e et 56e dictionnaires sur les termes utilisés dans l'aéronautique et le spatial, en français et russe. L'ancien technicien aéronautique est devenu un inconditionnel du mot juste et de la traduction.

 

L'organisation est bien rodée. Aussi organisée que les pages des dictionnaires qu'ils expédient. Tous les jours ou presque, Henri Goursau et sa femme Monique prennent la direction du bureau de poste de Saint-Orens de Gameville pour envoyer une dizaine d'ouvrages écrits par Henri, publiés par les éditions Goursau dont la maison familiale est la base. Dans les colis, de nombreux «Goursau», dictionnaire anglais-français des termes de l'aéronautique et du spatial qui en est aujourd'hui à sa dixième édition. Le petit dictionnaire rouge et bleu a trouvé sa place sur les bureaux de nombreux techniciens ou experts du domaine.

«Combien de fois ai-je entendu ‘‘passe moi le Goursau'' quand je traversais les couloirs ou ateliers d'Air France où je travaillais. C'est une bible, aussi indispensable qu'un tournevis. On le trouve partout, du petit aéroclub au cockpit d'avion, jusqu'à la salle de contrôle de Kourou. C'est devenu un outil de travail, je fournis des classes entières dans les lycées, écoles d'ingénieur, IUT… »,

glisse Henri Goursau, heureux de cet adoubement discret mais sincère. La reconnaissance, il ne la cherche plus.

«Sur le premier dictionnaire, le plus demandé, j'ai passé 20 000 heures, mes nuits surtout, je n'avais que 24 ans. J'en avais assez de toujours chercher la traduction des termes pour les Boeing sur lesquels je travaillais. J'ai été très mal reçu par les éditeurs parisiens, les entreprises du secteur aéronautique. Comme je ne sortais pas d'une grande école, mon travail devait être médiocre… »

, se souvient Henri Goursau. Le salut est venu du soutien de sa femme et d'une petite imprimerie de Cahors, Tardy Quercy, qui le forme à l'édition en quelques jours et à qui il restera fidèle jusqu'au bout.

«Nous avons décidé d'utiliser le crédit destiné à notre cuisine pour l'impression du dictionnaire »

, ajoute sa femme Monique, associée à l'aventure depuis presque 40 ans, en se remémorant les longues heures passées à dactylographier toutes les entrées, écrous, vis ou composants électroniques.

«Le premier dictionnaire, en 1982, c'est notre bébé, en plus de nos trois enfants. Je l'ai vécu comme un accouchement difficile »

, ajoute-t-elle. Derrière le premier «Goursau », une cinquantaine ont suivi. Cuisine, médecine, voyage, football, finance, mode, langues régionales, Henri Goursau saisit toutes les occasions pour transformer son amour des mots en dictionnaire. Il entre même au Guinness des Records en 1997 pour avoir intégré le plus grand nombre de langues (16) dans un dictionnaire. À Saint-Orens, le pavillon devenu maison d'édition se remplit de livres, Henri fait de la salle à manger son bureau.

«Il a besoin de sentir le mouvement dans la maison mais il reste dans sa bulle. Il a fallu que je l'aime pour supporter tout ça ! »

, sourit Monique Goursau. Les enfants aussi ont été piqués. L'aîné, Thierry, édite des topoguides ainsi que les aventures de Pitou le petit isard des Pyrénées, Jérôme, le cadet, s'est chargé de la mise en application numérique des dictionnaires et la benjamine, Magali est à l'origine du dictionnaire de dialogue médical français-anglais.

Henri Goursau l'affirme, le dictionnaire de l'aéronautique et du spatial franco-russe sera le dernier. Monique n'en croit pas un mot. Avec raison, depuis plusieurs mois, son mari planche sur les personnes célèbres nées dans ses chères Pyrénées.

 


 

Jusqu'à 15 ans de travail par ouvrage

Les derniers ouvrages d'Henri Goursau, dictionnaires français-russe et russe-français de l'aéronautique et de l'espace, sont le fruit d'une quinzaine d'années de travail. «Dans les années 1990, j'ai été contacté par Nicolas Novichkov, rédacteur en chef de l'agence de presse russe TASS, auteur de dictionnaires techniques dans l'aéronautique et le spatial. Je lui ai dit non, parce que le travail était immense et qu'il n'y avait pas de marché. Et puis il m'a relancé et j'aime bien les défis… Ce qui m'a sauvé c'est qu'aujourd'hui, il est possible d'investir pour seulement une cinquantaine d'exemplaires », raconte l'auteur et éditeur. Chacun de ces deux dictionnaires compte 100 000 termes sur 950 pages. La version russe/français est préfacée par Sergueï Krikalev, cosmonaute russe qui a longtemps conservé le record de durée de séjour dans l'espace (803 jours cumulés) ; la version français/russe par Jean-Yves Le Gall, Président du Cnes, l'agence spatiale française et Igor Komarov, président de Roscosmos, l'agence spatiale russe.

 


 

Son lieu

Les Pyrénées. La maison, achetée là il y a 20 ans à Ayzac-Ost est le lieu de toutes les fêtes familiales et des vacances. Le village est aussi celui du Pr Louis Lareng, père de la télémédecine, et du journaliste Jacques Chancel.

 


 

Son objet

Le tracteur. Henri Goursau n'a pas oublié ses racines paysannes. À Saint-Orens de Gameville, où il réside, il se plonge dans ses dictionnaires mais dans les Pyrénées, c'est sur le tracteur qu'il aime travailler.

 


 

Son plat

La garbure. Le plat traditionnel pyrénéen que lui confectionne sa mère.

 


 

Son idole

Marcel Goursau. Son oncle, professeur de mathématiques, directeur de collège, élu pendant 28 ans à Argelès-Gazost. «Il était mon maître à penser, curieux de tout, rigoureux… À 85 ans, il donnait encore des cours à nos enfants ! »

 

Emmanuelle Rey

 

https://www.ladepeche.fr/article/2018/01/07/2717114-henri-goursau-une-vie-de-dictionnaires.html

 

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