Les anglicismes sont partout, et surtout, dans les médias !
Les médias accros aux anglicismes ?
Un anglicisme est un emprunt linguistique à l’anglais et qui est critiqué dans la francophonie lorsqu'il est employé au détriment de la langue française. Emprunt parfois rendu nécessaire quand le français n’a pas d’autre mot pour désigner la réalité en question. Ainsi de nombreux termes anglais et américains s'invitent-ils dans la langue française. L’anglais exerce une influence considérable sur le français depuis déjà la deuxième moitié du XXe siècle. Et pourtant on est surpris de cette nouvelle vague d’anglicismes, les emprunts à l’anglais et à l’américain ayant pris de telles proportions qu’on se pose la question de savoir si on lit encore vraiment un journal français.
Plusieurs types d’anglicismes :
Anglicisme hybride est une forme mixte qui combine un élément emprunté à l’anglais et un élément français, soit que l’on ajoute un suffixe français au mot anglais ou que l’on remplace un suffixe anglais par un suffixe français.
Anglicisme sémantique est l'attribution d'un sens proprement anglais à un mot qui existe déjà dans la langue française. Ces mots sont aussi appelés faux-amis et découlent très souvent d'une erreur de traduction.
Anglicisme lexical est un emprunt direct à la langue anglaise.
Anglicisme syntaxique ou anglicisme de structure, est une traduction mot à mot d'une expression ou d'une structure de phrase proprement anglaise et qui peut découler de l'emploi d'une expression calquée directement sur l'anglais.
Anglicisme phonétique est commis lorsque le locuteur prononce un mot français à l'anglaise.
Les autres types d’anglicisme sont de nature morphologique, phraséologique ou graphique. Bref, de quoi y perdre son latin!
Malgré la loi Toubon sur la défense et l'usage du français votée il y a vingt ans, les termes anglais restent très utilisés, aussi bien dans les entreprises que dans la presse et les publicités françaises.
Les anglicismes pullulent dans la langue française. Si on ne fait pas attention, on en vient à ne parler qu'anglais ou franglais. L’on constate une apparition récente et massive des mêmes anglicismes dans les langues de la toile ou du net. Le vocabulaire utilisé dans les réseaux sociaux emprunte de plus en plus de termes et de notions au monde anglo-saxon. Des californismes, car la plupart d'entre eux viennent de la côte ouest des États-Unis, en particulier de la Silicon Valley. Car l’américain, c’est avant tout de nos jours, la langue de l’argent-roi, celle du capitalisme conquérant et colonisateur. Quand on rentre sur les réseaux sociaux, la part d’anglicismes est impressionnante. Le vocabulaire des internautes est bourré d’anglicismes, comme «swag», le nouveau terme pour "cool" ou «hype».
Du point de vue linguistique, tous les secteurs de la société moderne sont influencés par la langue considérée comme internationale: l’anglais.
Cette extension des emprunts à l’anglais, qui a connu une accélération depuis une cinquantaine d’années, tient au fait que l’anglais est aussi la langue de la première puissance économique, politique et militaire, et l’instrument de communication de larges domaines spécialisés des sciences et des techniques, de l’économie et des finances, du sport, etc.
Empruntés à l’anglais et, de plus en plus, à l’anglo-américain, les anglicismes se sont incrustés dans de nombreuses langues, dont la nôtre.
Doit-on avoir peur des anglicismes ? Constituent-ils vraiment une menace pour la langue française ? Doit-on les bannir ou les proscrire de la langue française ? Doit-on le dire en français ?
Ne viennent-ils pas combler un vide lexical ou terminologique et n’enrichissent-ils pas la langue emprunteuse ? Car refuser d’employer des anglicismes «entrés dans l’usage», au niveau des mots ou de la structure, ne serait-il pas aussi refuser d’évoluer avec sa langue! Certains disent qu’une langue n’est pas menacée par ses emprunts, sinon l’anglais serait moribond. Au contraire, elle s’enrichit et si elle emprunte c’est qu’elle est en vie. Alors les Français appâtés par les anglicismes ?
Il y a tout d’abord les termes entrés dans l’usage plus-que-courant: «football», «week-end», «fan», «best-seller», «badminton», «golf», «rugby», «bifteck», «boxe», «cowboy», «suspense», «tunnel», «kit», «listing», « smoking», «camping», «paquebot», «redingote», «nylon», «corner», «club», «bar», «recordman», «sandwich», «parking», «hall» par exemple.
Il y a les critiqués et remplaçables et pour lesquels certains dictionnaires recommandent un synonyme français comme : «shopping», «brushing», «scoop», «come-back», «jogging», «bodybuilding», «dancing», «aquaplaning», «forcing», «feeling», «le buzz», «dumping» , «brainstorming», «prime time», «one-man show», «lobbying», «fair-play», «mail », «spam», «debriefing», «vintage», «coaching», «fast-food», «homejacking», «break», «canceller», «newsletter», «talk », «chat», «tuning», «overbooking», «podcast», «confcall», etc.
Et enfin on trouve les purs anglicismes employés «parce que ça fait cool». Relevant presque d’un jargon, du snobisme ou de l’admiration béate de l’étranger ils peuvent être associés au monde d’aujourd’hui, aux cadres branchés du monde moderne pour paraître branché, « moderne », de son temps, son époque.
Avec leur lot d’emprunts tels que « reporting », « process », « uploader », « rush », « hyper speed », « hype », « fashion », « trendy », « geek », « swag », « funky », « the must », « best of », « top », « burn-out », « has-been », « overbooké », « booster », « customiser », « showroom », « freestyle », « bashing », « relooking », « it-bag, « it-girl », « people », « pipolisation », « hipster », « cool », etc.
Les anglicismes d’usage, donc, représenteraient environ 2,5 % du vocabulaire courant qui comprend 60.000 mots. Un Dictionnaire des mots anglais du français de 1998, plus vaste, évalue les emprunts de l’anglais à 4% ou 5% du lexique français courant, environ 8500 mots sont des emprunts.
Mais les nouvelles technologies et l’informatique font partie du quotidien d’un grand nombre de Français. Aussi, l’usage (à l’oral tout du moins) de termes anglais est-il manifestement croissant.
Il croît au rythme où apparaissent de nouveaux appareils informatiques, périphériques, logiciels, applications, sites Internet et autres réseaux sociaux… Du smartphone au poke en passant par le like (on adore liker sur Facebook!). Le cloud computing (que l’on trouve intact en français de France et parfois traduit à moitié: l’informatique dans le cloud; nos amis québécois ont créé l’«infonuagique») et le concept de big data (mégadonnées), la freelancisation, l’ubérisation, la location Airbnb, le greenwashing, le sharewashing viennent «enrichir» une liste interminable.
L’anglomanie, qui s'exprime aujourd'hui dans le monde francophone par l'abus de termes anglophones ou anglomorphes, règne-elle dans les médias français? Et il y a un domaine dans lequel l´anglais prolifère, c´est celui du travail et de l´entreprise plus particulièrement.
Pourquoi communiquer en franglais ? Quand on se penche sur la question, on s'aperçoit que ce type d'attitude a toujours existé au cours de l'histoire et qu'elle révèle trois penchants chez les "élites" :
la volonté de se distinguer du "peuple" (qui reste fidèle à sa langue d'origine), marquer des points auprès des puissants du moment et enfin frimer linguistiquement s’agissant de ces multiples manifestations irritantes de snobisme d’une certaine intelligentsia ou imbécilentsia branchée chez certains Parisiens ou dans les milieux bobos. Ça fait moderne et branché d'utiliser des mots anglais, par snobisme ou par souci d'utiliser un jargon. N’est-elle pas lointaine, aussi, l'époque du français conquérant, langue des "élites" internationales, de la diplomatie et de la culture ? Mais la banalisation rampante du franglais est-elle une menace pour l’avenir de la langue de Molière ou la langue de Molière serait-elle menacée d’invasion US ?
La menace hispanique. L’espagnol continue de gagner du terrain aux États-Unis.
Dans ce monde global où l’anglais est partout et s’introduit discrètement dans notre quotidien, il est bon de constater que même les américains sont touchés par le vocabulaire espagnol! (environ 35% des Californiens sont d’origine hispanique/latino-américaine et 13% des américains parlent espagnol et l’on recense environ 52 millions d’hispaniques, soit 50% de plus qu'il y a dix ans, selon le Centre Pew). L’espagnol et le spanglish ont de plus en plus pignon sur rue aux États-Unis, dans les rues, les campus et jusqu'au cœur du pouvoir, avec des hispaniques de plus en plus influents dans les médias et la politique.
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